Liste de vérification de l’accessibilité pour les personnes autistes et neuroatypiques

Auteur : Marie Lauzon, B.D.I. – Version du 17 décembre 2019

Liste de vérification de l’accessibilité pour les personnes autistes et neuroatypiques

Voici quelques aspects à considérer pour évaluer l’accessibilité des lieux ou des activités selon les besoins des personnes autistes, hypersensibles ou autrement neuroatypiques. À noter que cette liste se veut un complément aux besoins communs couverts par l’accessibilité universelle.

Lors de la préparation d’événements ou l’aménagement de lieux, cette liste pourra être utile pour maximiser l’accessibilité, ainsi qu’aviser les personnes à l’avance quand un obstacle potentiel ne peut pas être évité (p. ex. le son fort pendant un spectacle de musique).

Pour les lieux existants, une visite sur place sera utile pour faire l’évaluation des obstacles potentiels. Ces renseignements permettront ensuite aux personnes atypiques de savoir à quoi s’attendre et de pouvoir mieux décider comment planifier une activité ou même choisir de l’éviter.

Il est à noter que les caractéristiques, sensibilités et défis des personnes autistes et neuroatypiques présentent une grande diversité. Par exemple, une personne autiste pourrait être très à l’aise avec le bruit, mais redouter les contacts physiques. Une autre n’aura pas de difficulté avec la proximité ou le contact, mais ne pourra pas s’exprimer quand plusieurs personnes sont présentes. Les variations sont infinies! Cette liste tente de recenser tout ce qui peut être utile à prévoir, en fonction des besoins individuels.

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Toronto et les médias

Cette semaine à Toronto, un jeune homme a commis un crime. Il a tué des gens en fonçant sur eux avec un camion. Exprès.

C’est un crime. Un crime terrible.

Il semble que le gars aurait tenu des propos misogynes, que sa haine des femmes et son sentiment d’impuissance et sa frustration l’aient poussé à faire un geste impensable.

On se questionne, avec raison, sur ce phénomène de société qui fait naître des fanatiques, peu importe de quelle idéologie ils émanent. Il y a de grandes blessures dans nos sociétés modernes que la visibilité médiatique envenime. Et il y a là de quoi réfléchir, méditer, et changer.

Puis, la dérive : il paraît que, ça a l’air que, selon les propos rapportés par le Globe and Mail à partir d’un article de 2009, la mère du meurtrier aurait eu un fils qui aurait reçu un diagnostic de syndrome d’Asperger. On ne sait pas si c’est du meurtrier qu’il s’agit, ou d’un de ses frères, s’il en a. Mais on n’attend pas de confirmer, et on brode. Ci-dessous, le lien vers un reportage de Paul Arcand sur le sujet, qui résume l’approche médiatique de ce détail. À écouter à partir de 7:00, et braquez-vous pour les préjugés :

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L’expression « autisme politique » – Lettre ouverte à La Presse

Montréal, le 5 octobre 2017

Aux journalistes et responsables de la rédaction de La Presse,

Il y a eu cette semaine un scandale à La Presse+, alors que Nathalie Petrowski a employé l’expression «autisme politique» dans le titre (modifié depuis) et le texte (non modifié) d’une chronique au sujet de Mélanie Joly.

Voici les liens vers la publication Facebook :
https://www.facebook.com/LaPresseFB/posts/10157014011038312
et la chronique:
http://archive.is/iRffP

Dans l’article, on y va gaiement en décrivant les «symptômes» de ce phénomène.
Sinon, la «métaphore» ne serait pas aussi percutante. Bien sûr.

D’ailleurs, en effectuant une recherche par curiosité, j’ai constaté que l’expression «autisme politique» est parfois utilisée par des commentateurs politiques un peu partout dans le monde, et plus particulièrement à La Presse au cours des dernières années (recherche Google : “autisme politique” avec les guillemets, en ajoutant au choix site :.lapresse.ca).

Ce qu’il faut savoir donc, c’est que 1. l’expression est utilisée par d’autres commentateurs politiques et que 2. c’est de la grosse discrimination sale, puis que 3. l’un n’empêche pas l’autre.

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Recherche sur l’autisme au féminin – appel de participantes

Modification : La recherche de candidates pour ce projet de recherche est terminée. Toutefois, le groupe de recherche continue le recrutement dans divers groupes de population. Pour en savoir plus : http://lnc-autisme.umontreal.ca/

Le groupe de recherche en autisme et neurosciences cognitives de Montréal invite actuellement la participation des femmes qui se sont identifiées comme étant autistes (ou Asperger) à l’âge adulte, en France et au Québec. (Ceci inclut les personnes qui n’ont pas obtenu de diagnostic et les personnes transgenre assignées femmes à la naissance.)

À cette étape, l’inscription vous permet d’ajouter votre nom à la base de données, sans engagement. Sur le long terme, vous recevrez des invitations à participer à des projets de recherche si désiré, par exemple collecte d’information, neuro-imagerie, etc. La participation à chacun des projets est optionnelle.

Je vous encourage à vous inscrire! Ces études à venir permettront de mieux cerner les critères d’identification (diagnostic) des filles et des femmes autistes, qui passent bien trop souvent «sous le radar».

Voici le lien vers le site de l’équipe de recherche et la description du projet, avec les critères d’admissibilité :
http://lnc-autisme.umontreal.ca/contenu.aspx?page=3.13

Autisme Power ou âge de pierre?

Il y a, paraît-il, dans certains milieux psychiatriques une opinion parfois assez négative des adultes qui recherchent volontairement un diagnostic d’autisme… ils appellent ça «Autisme Power» ou quelque chose du genre, d’après ce qu’un ami m’a raconté (il a entendu l’expression de la bouche d’un psychiatre qui s’adressait à un collègue). C’est assez troublant, comme attitude.

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Adultes autistes : exprimer nos besoins d’adaptation

Même quand ils sont en apparence très fonctionnels, les adultes autistes restent… autistes!

Avec le temps, un bon nombre d’enfants autistes deviennent un peu plus calmes, fonctionnels et capables d’interaction. Comme tout le monde, avec le temps, nous grandissons et nous nous développons. Alors bien sûr que les adultes autistes ne sont pas nécessairement comme des enfants autistes… car nous sommes des adultes! Et ceux parmi nous qui ont la chance de pouvoir apprendre à communiquer et à devenir autonomes peuvent sembler moins autistes. Mais ce ne sont que des apparences. À l’intérieur, notre neurologie autiste demeure.

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La neurodiversité, au secours!

Il semble y avoir quelque confusion autour du concept de neurodiversité.

Certains y voient une croyance. D’autres de la propagande. Et comme il arrive souvent quand les mots sont mal compris, ils deviennent un peu galvaudés.

Alors voici :

La neurodiversité est un fait biologique : le genre humain accueille plusieurs types de schémas neurologiques. Comme la diversité corporelle, de pigmentation, d’orientation sexuelle, de genre, et ainsi de suite. L’humanité est neurodiverse.

La neurodiversité inclut tous les humains, y compris ceux qui ont une neurologie typique, ainsi que tous les types de neurodivergence : autisme, TDA/H, dyslexie, mais aussi l’épilepsie, la schizophrénie, la bipolarité, la misophonie, voire les altérations en cours de vie dues à un traumatisme, etc.

Le mouvement de la neurodiversité est celui qui revendique des droits égaux pour tous, sans discrimination basée sur la neurologie des individus (donc il soutient en particulier les personnes neurodivergentes).

Soutenir la neurodiversité ne signifie aucunement que certains doivent être laissés pour compte, au contraire. Tous les besoins médicaux et fonctionnels doivent être comblés, peu importe la neurologie de la personne.

Le mouvement de la neurodiversité préconise justement d’aider, d’éduquer et de soutenir les personnes neurodivergentes pour qu’elles aient des chances égales de s’épanouir et de réussir. Sans honte ni discrimination, dans le respect et l’acceptation de la différence.

Sources principales (que je vous invite à consulter si vous lisez l’anglais):
Neurodiversity: Some Basic Terms & Definitions (Nick Walker)
The Basics of Neurodiversity (Michelle Sutton)

Anecdotes autistes: Le fluorescent

L’autre jour, je suis allée renouveler mon permis de conduire et ma carte d’assurance-maladie. Ça m’a pris à peu près dix minutes. J’étais bien contente et fière de moi. En sortant, il y avait une papeterie grande surface.

J’adore la papeterie. Et comme d’habitude après un événement stressant, je me laisse tenter par les magasins.

C’est un peu une contradiction, parce que les magasins, ça m’épuise. Mais quand j’accomplis un truc stressant (tâche administrative, visite chez le dentiste, etc.) j’ai ensuite un petit «high» qui me donne envie de magasiner si je passe devant un commerce sympathique. Tout à coup, c’est agréable. Alors je suis entrée.

catechese

J’ai cueilli quelques nécessités, puis une antiquité inattendue: un «cahier de catéchèse» des années 1970, rebaptisé «Cahier d’exercices». Trop cool. Aussi un tableau de liège et des punaises, puis un calendrier grand format en papier, de type sous-main, avec des post-it de jolies couleurs. J’ai besoin de m’organiser, alors des articles de papeterie, ça aide. J’étais bien contente de m’être aventurée dans le magasin.

Puis, en me dirigeant vers la caisse, malaise.

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Harcèlement : la victime n’est pas responsable

En ce moment, il y a un article qui se promène sur les réseaux sociaux. Il est intitulé: «Sept compétences sociales clés pour aider les enfants atteints d’autisme à faire face au harcèlement» (référence à la fin de cet article).
Harcelement_upbility
Le titre, déjà, me semble farfelu. On sait qu’il y a une seule façon efficace de contrer le harcèlement: c’est d’apprendre aux enfants et aux adultes à ne pas le faire.

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Autisme, discrimination: faire progresser la société

Cette semaine, l’AGIDD-SMQ décernait un prix au Dr Richard Le Blanc pour le féliciter de la bataille qu’il a menée devant les tribunaux pour obtenir justice dans un cas de discrimination au travail.

Richard Le Blanc est autiste. Ses compétences professionnelles sont hors norme. C’est sa façon de communiquer et d’interagir avec ses collègues, brusque et abrasive, qui est à la source de la discrimination qu’il a vécue.

J’admire cet homme d’avoir persévéré dans son parcours et d’avoir obtenu gain de cause.

Surtout, comme en témoigne le prix de reconnaissance qu’il a reçu, sa victoire juridique envoie un message clair à la société: les aptitudes sociales ne doivent pas être une source de discrimination quand la personne a un handicap en ce sens.

C’est important, ce message.

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